Le lac Ichkeul est le dernier grand lac d’eau douce d’une chaîne qui s’étendait autrefois le long de l’Afrique du Nord. Caractérisé par un fonctionnement hydrologique très particulier basé sur une double alternance saisonnière de niveaux d’eau et de salinité, le lac et les marais qui l’entourent constituent un relais indispensable pour des centaines de milliers d’oiseaux migrateurs qui viennent hiverner à l’Ichkeul.
Critère (x) : Le Parc National de l’Ichkeul contient des habitats naturels importants en tant que site d’hivernage essentiel des oiseaux du paléarctique occidental. Chaque hiver, le bien accueille une densité exceptionnelle d’oiseaux d’eau avec des effectifs pouvant atteindre certaines années plus de 300.000 canards, oies et foulques présents au même moment. Parmi ces oiseaux, trois espèces dont la protection est d’intérêt mondial sont présentes : l’érismature à tête blanche (Oxyura leucocephala), le fuligule nyroca (Aythya nyroca) et la sarcelle marbrée (Marmaronetta angustirostris). De par la diversité de ses habitats, le bien abrite une faune et une flore très riches et diversifiées avec plus de 200 espèces animales et plus de 500 espèces végétales.
Intégrité
Les limites du bien englobent les trois types d’habitats caractéristiques du site, à savoir le jebel Ichkeul, le lac et les marais attenants et incluant également les processus du fonctionnement hydrologique naturel du système lac-marais et les processus biologiques et écologiques qui y sont associés. La construction proposée de trois barrages sur les cours d’eau qui alimentent la zone humide constitue une menace potentielle pour l’intégrité du bien. Si ces projets venaient à se réaliser, il serait fondamental que la salinité existante du lac soit maintenue.
Besoins en matière de protection et de gestion
Le bien bénéficie d’une protection juridique stricte et d’un plan de gestion. Le fonctionnement écologique du système lac-marais est fortement contrôlé par les apports d’eau douce de l’amont et les échanges avec l’eau de mer en aval, eux-mêmes soumis à la forte variabilité naturelle intra- et inter-annuelle, caractéristique des climats méditerranéens. La gestion hydrique du système lac-marais est donc un élément primordial dans la gestion du bien. En 1996, le bien a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en péril à cause des effets négatifs sur l’écosystème d’eau douce, suite à la construction des barrages. Le bien fut retiré de la Liste en péril en 2006, suite à l’amélioration de la situation, et la restauration de l’écosystème est en bonne voie. Les soucis essentiels consistent à gérer le bien de manière à contrôler l’impact sur l’écosystème des hivers moins pluvieux, à contrôler l’effet sur l’Ichkeul de l’accroissement de la demande d’eau en Tunisie en général, à restaurer complètement les marais et la ceinture de roseaux et, surtout, à reconstituer l’effectif d’oiseaux d’eau hivernants. La mise en œuvre d’un suivi scientifique régulier des principaux paramètres biotiques et abiotiques indicateurs de l’état de conservation des écosystèmes, et l’utilisation d’un modèle mathématique de prévision de leurs besoins en eau, sont essentiels pour compléter les dispositifs mis en place et aboutir à l’utilisation optimale de la ressource en eau en vue de la conservation des écosystèmes.(source unesco)